Lorsqu’il est temps d’aborder les métiers au sein de la conversation, celui de croque-mort surprend les gens. L’annonce de ce métier refroidit la dynamique et l’ambiance de la conversation. Pourtant, la surprise fait place à diverses questions taboues autour de ce métier. De nombreuses personnes découvrent qu’il ne s’agit pas d’un travail aussi sinistre qu’elles le croient, à cause des fausses idées reçues. À cet effet, ce métier intéresse aujourd’hui de nombreux individus. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le croque-mort.
L’origine du terme « croque-mort »
Composé de deux mots : un verbe désignant la voracité et un nom qui inspire la peur des vivants, le « croque-mort » n’est pourtant pas aussi sinistre que vous le pensez.
L’histoire de ce métier remonte au Moyen-Âge. À cette époque, l’espérance de vie ne dépasse pas les trente ans en Europe et en France. La population doit survivre face aux épidémies qui se succèdent. De ce fait, le travail du croque-mort est très sollicité.
Pour arrêter la propagation des épidémies et pour des raisons d’hygiène, les corps sans vie doivent être emmenés loin des vivants. Les défunts sont manipulés à l’aide d’un « croc », il s’agit d’une grande perche dotée d’un crochet. Ainsi, il était appelé le « croche-mort », puis le terme a évolué en « croque-mort ». Ce terme désigne la personne chargée de rassembler les corps et de les inhumer dans une fosse commune.
Quelques siècles plus tard, le « croque-mort » est associé à la légende du croque-orteils. À l’époque, les médecins craignaient de se méprendre sur l’état de certains corps. Les médecins découvrent une méthode scientifique pour vérifier si une personne est bien morte. Il s’agit du « signe de Babinsky », appelé aussi « le phénomène des orteils ». Lorsque le gros orteil réagit face à des stimulations de la voûte plantaire, alors le cerveau fonctionne encore correctement. Dans le cas contraire, la personne est déclarée morte. Les emballeurs de cadavres de l’époque auraient sûrement croqué l’orteil du défunt pour vérifier cette théorie. C’est ainsi que le mot « croque-mort » aurait trouvé tout son sens.
Ce terme apparaît pour la première fois dans la langue française en 1788. Il désignait la personne chargée du défunt et s’occupait de la mise en cercueil avant les obsèques. Le verbe « croquer » désignait à l’époque le fait de dérober ou de subtiliser. L’opinion associait le métier au vol, comme si le croque-mort était responsable de la mort elle-même. Cette opinion de l’époque explique la représentation morbide et noire du métier.
En quoi consiste le métier de croque-mort ?
Le terme « croque-mort » est aujourd’hui délaissé pour laisser place à des vocabulaires plus appropriés. Le monde du funéraire regroupe plusieurs métiers qu’il est nécessaire de distinguer. D’abord, il y a le conseiller funéraire qui assure tous les aspects logistique, financier et législatif lors des funérailles. Il peut aussi assurer le travail de maître de cérémonie. Cette responsabilité englobe toute la cérémonie d’hommage au défunt.
D’autres métiers sont également associés au funéraire, à l’instar du marbrier qui conçoit les plaques funéraires sur la tombe du défunt. Il y a aussi le fossoyeur qui travaille en étroite collaboration avec le conseiller funéraire pour trouver une place dans une concession. Les porteurs sont les individus qui portent le cercueil et conduisent le véhicule funéraire.
Enfin, le métier de thanatopracteur est celui qui s’apparente le plus à celui de croque-mort tel que vous le connaissez. C’est un métier de service à la personne. Il consiste à prodiguer les soins nécessaires à la conservation du défunt. Il s’agit surtout de s’occuper de l’hygiène et de la présentation. Le travail du thanatopracteur est crucial, il doit tout mettre en place pour que le défunt soit présentable aux yeux de ses proches. Ce sera la dernière image qu’ils emporteront avec eux.
La thanatopraxie est aussi nécessaire pour retarder la dégradation du corps. La décomposition s’accélère, notamment lorsque le défunt a été victime d’un accident et présente des traumatismes graves. Grâce aux soins apportés par le croque-mort, le défunt est présentable. Ce professionnel fera son maximum pour que le défunt affiche un visage serein. Voir cet air apaisé atténue la souffrance des proches et facilite le processus de deuil.
Afin de retarder la décomposition du corps, le croque-mort effectue l’embaumement du corps. Cela consiste à ponctionner les liquides physiologiques, tels que le sang et l’urine, puis il injecte le formol. Ensuite, il s’occupe de la toilette, du coiffage, de l’habillage et du maquillage.
En France, les services d’un thanatopracteur sont sollicités sur un décès sur quatre. Ce chiffre est relativement élevé par rapport à d’autres pays européens. Les raisons d’engager un thanatopracteur sont multiples. Lorsque la mort survient à domicile ou dans une maison de retraite, la famille fait souvent appel à cet expert.
Dans certains cas, la famille tient à retarder la mise en bière pour veiller sur le corps et rendre hommage à leur défunt. De ce fait, les soins de conservation sont nécessaires. Un thanatopracteur intervient aussi lorsque la mise en bière nécessite un déplacement géographique de plus de 600 km ou un rapatriement à l’étranger.
L’accompagnement des familles
Outre les formations pour exercer ce métier, devenir thanatopracteur nécessite une force émotionnelle et psychologique. Être en présence d’un mort pendant des heures exige du sang-froid. Il faut également garder une certaine distance émotionnelle, notamment lorsque les défunts sont jeunes. D’ailleurs, la plupart des personnes qui exercent cette profession ont été en contact avec la mort auparavant. De nombreux thanatopracteurs ont exercé une profession médicale telle qu’aide-soignant avant leur reconversion.
Selon les témoignages des personnes travaillant dans ce domaine comme ici, il s’agit d’une véritable vocation. L’argent n’est pas la motivation première pour exercer ce métier. Les thanatopracteurs doivent avoir une envie d’aider les familles en cette période douloureuse.
Pour d’autres, le métier consiste avant tout à rendre le défunt présentable aux yeux de la famille. Ainsi, ses proches peuvent se recueillir dans les meilleures conditions. D’autres voient leur métier comme une véritable aide pour soulager les familles endeuillées. Même si consoler les familles ne fait pas partie de leur métier, les croque-morts peuvent orienter les familles vers des associations de soutien.
La meilleure des récompenses pour les croque-morts est d’entendre les familles dire « on dirait qu’il dort ». Lorsqu’ils expriment ce sentiment, ils n’ont pas la vision d’horreur d’un mort, mais d’une âme qui part paisiblement.
En somme, le croque-mort n’est plus un émissaire de la mort comme au Moyen-Âge, mais un travail au service de la vie. Ce métier consiste avant tout à ce que les vivants pleurent leur proche, leur parent ou leur ami en célébrant leur vie. Ainsi, ils peuvent commencer sereinement le deuil après avoir réalisé tous les rituels de recueillement et des obsèques. C’est ainsi que le métier de croque-mort doit être appréhendé. Il permet aux familles de célébrer l’amour et les liens d’attachements avec leur défunt pour mieux accepter la mort.
Découvrez le témoignage de Sébastien, croque-mort : ce métier qui a changé sa vie :